A l’instar de DPD France et UPS Flight Forward, le Parcelcopter de DHL était tout aussi décidé à transformer la livraison de marchandises telle que nous la connaissons aujourd’hui. En réalité, l’entreprise aux couleurs jaune et rouge revendique même être le premier logisticien au monde à avoir intégré un drone dans sa chaîne de livraison.
2013 – 2014 : Premier décollage et mission en haute mer
La première version du Parcelcopter connaît son envol fin 2013 : un simple test flight d’un kilomètre en pilotage manuel d’une rive à l’autre du Rhin allemand. Sous forme de quadrirotor (quatre hélices), il mesure un peu plus d’un mètre et supporte une charge maximale d’1,2 kilogrammes pour une vitesse de pointe de 43 km/h.
Mais depuis, le drone de DHL a connu une évolution remarquable pour être capable d’affronter d’éventuelles conditions atmosphériques adverses : à peine un an plus tard, sa version 2.0 pouvait déjà tenir 12 km à 50 mètres d’altitude en haute mer au large du nord-ouest de l’Allemagne. Sa mission : effectuer des livraisons express de médicaments et autres biens urgents à une pharmacie pendant les périodes où d’autres modes de transport tels que l’avion ou le bateau n’étaient pas disponibles. Tout ceci de manière autonome et en conservant le même format et les mêmes caractéristiques techniques que le Parcelcopter 1.0.
2016 – 2018 : Deux fois plus grand, deux fois plus fort
Début 2016, celui-ci prend la forme d’un aéronef, double sa taille à 2,2 mètres et augmente sensiblement sa vitesse dans l’air à 70 km/h, pouvant transporter des colis pesant jusqu’à 2 kg. Pendant trois mois, l’objectif était d’effectuer des livraisons totalement autonomes à des clients séjournant dans les alpes bavaroises à 1.200 mètres au-dessus du niveau de la mer. Des opérations menées en 8 minutes seulement pour un trajet de 8 km censé durer une demi-heure en voiture, soit une moyenne d’un km par minute – une prouesse qui aura valu au Parcelcopter 3.0 le prix allemand de la mobilité la même année.
Deux ans plus tard, en partenariat avec la GIZ (agence de coopération internationale allemande pour le développement) et le fabricant allemand de drones Wingcopter, DHL relève à nouveau le défi de la livraison de médicaments vers des zones d’accès difficile, cette fois à l’aide d’une 4ème version plus sophistiquée que jamais de son Parcelcopter. Un aéronef à rotors basculants certes un peu plus petit que son prédécesseur (1,78 mètre), mais presque deux fois plus rapide (130 km/h), capable d’expédier des colis deux fois plus lourds (max. 4 kg) et qui impressionne par son autonomie de plusieurs dizaines de kilomètres.
Au bout de six mois d’essais en Afrique de l’Est, ce drone 4.0 aura permis aux 400.000 habitants d’Ukerewe en Tanzanie – une île isolée au milieu du Lac Victoria – de recevoir des soins médicaux en à peine 40 minutes à vol d’oiseau au lieu de six heures de route ; une attente qui finissait inévitablement par rompre la chaîne du froid nécessaire à la conservation des médicaments.
Mais ce n’est pas tout : lors des trajets retour, la version 4 du Parcelcopter se chargeait également d’emporter des prélèvements de sang à analyser en dehors de l’île. Au compteur : 2.200 kmparcourus par le drone en 2.000 minutes de vol entre Ukerewe et la terre ferme.
En somme, si le Parcelcopter avait dans un premier temps été pensé pour « survoler » la problématique du dernier kilomètre dans les régions difficiles d’accès par voie terrestre, il révèle finalement une utilité potentiellement vitale dans la distribution de soins médicaux et la prévention de maladies dans les régions aux infrastructures médicales et routières précaires.
2021 : Atterrissage forcé
Cependant et contre toute attente, DHL déclare en août 2021 avoir suspendu son projet pilote sans fournir d’explication particulière – une annonce qui survient environ deux ans après la réforme de l’Union Européenne sur la sécurité aérienne. Étant donné que l’utilisation de drones implique de se plier à une multitude de réglementations, notamment concernant le traitement de données à caractère personnel, ceci pourrait expliquer la mise en pause des activités de développement de drones chez le géant allemand de la logistique.
Une chose est sûre : le groupe continue d’en faire la publicité sur son site internet, ce qui laisse penser que l’abandon reste un bien grand mot pour un secteur en pleine expansion – à tel point qu’il devrait engendrer la création d’environ 100.000 emplois et générer plus de 10 milliards d’euros au sein de l’UE d’ici 2035 selon les prévisions du Conseil européen.
Commenti